Johan Viroux
2/8/2005 6:06:00 AM
"Cemoi" <cemoi@chezlui.com> a écrit dans le message de
news:41faac73$0$6491$636a15ce@news.free.fr...
> En 1938, lors de la crise de Munich, comme en 1939, Maurras ne cesse de
> répéter: «Rien pour une guerre de doctrine, tout pour la défense de notre
> sol sacré», ou: «Pas de guerre pour les juifs.» En juin 1940, après
> l'effondrement des armées françaises, il déclare au préfet de la Vienne:
> «Que voulez-vous, monsieur le Préfet, soixante-dix ans de démocratie, ça
se
> paie.» Il dira un peu plus tard: «Avec Pétain nous sortions du tunnel de
> 1789.» La «divine surprise» dont parle Maurras en février 1941, ce n'est
pas
> la défaite de la France, mais la chance qu'a eue la France d'être arrachée
> au désastre par le maréchal Pétain.
>
> Maurras, dont les sentiments à l'égard des «boches» n'ont pas varié,
> accueille donc chaleureusement la «Révolution nationale». Tout en prenant
> ses distances à l'égard des anciens membres de l'Action française qui
> versent dans la collaboration, notamment le groupe de Je suis partout, il
> continue à faire paraître L'Action française après l'occupation de la zone
> libre en 1942 et, jusqu'en août 1944, il poursuit, à grand renfort de «je
> l'avais bien dit», ses attaques contre les gaullistes, les
> démocrates-chrétiens, les juifs, les francs-maçons et leurs alliés.
Condamné
> à la détention perpétuelle en 1945, il s'écrie: «C'est la revanche de
> Dreyfus.»
>
> Sans doute, d'anciens membres de l'Action française, comme Guillain de
> Bénouville ou Jacques Renouvin, ont-ils rejoint les rangs de la Résistance
> ou de la France libre, mais l'Action française, dans son ensemble, ne
s'est
> pas écartée de la ligne définie par Maurras. Les fidèles de Maurras
> garderont le sentiment qu'ils ont été victimes d'une conspiration. Ils
> dénonceront infatigablement les horreurs du «résistantialisme» et les
crimes
> de l'épuration, et ils ne pardonneront au général de Gaulle ni la
> condamnation de Maurras ni la disparition de l'Action française.
>
> Les raisons d'une influence
>
> Maurras se présente comme un ensemble parfaitement cohérent. C'est sans
> doute, avec le marxisme, la seule doctrine politique, au sens plein du
> terme, qui, dans la France de l'entre-deux-guerres, s'offre aux esprits
> soucieux de rigueur et ennemis de l'opportunisme. - Enfin, il faut
souligner
> l'incontestable qualité littéraire de L'Action française, la liberté de
ton
> et de goût dont témoigne la rubrique littéraire, la confiance faite à de
> très jeunes gens comme Robert Brasillach, Thierry Maulnier ou Pierre
> Boutang, l'intérêt porté au cinéma, la densité de la page militaire.
> L'Action française est un journal intéressant, et Proust disait en 1920
> qu'il lui était impossible d'en lire un autre.
>
> L'influence de l'Action française n'a pas été limitée à la France et ses
> idées ont connu dans de nombreux pays une large audience: en Belgique, où
le
> catholicisme a longtemps porté la trace de l'influence maurrassienne et où
> le rexisme de L. Degrelle à ses débuts développe des thèmes très proches
de
> ceux de l'Action française; en Suisse, avec le mouvement Ordre et
Tradition
> et la Ligue vaudoise de Marcel Regamey; en Italie, avec le groupe de
l'Idea
> nazionale d'Enrico Corradini, Luigi Federzoni et Francesco Coppola; en
> Espagne, avec l'Accion espanola de Ramiro de Maeztu et José Calvo Sotelo;
au
> Portugal, avec la Nação portuguesa d'Antonio Sardinha et Hipolito Raposo,
> etc.
>
>
>
> L'Action française a applaudi à l'avènement de Mussolini comme à celui de
> Franco et n'a jamais marchandé les éloges à l'Italie mussolinienne et à
> l'Espagne franquiste, mais c'est sans doute au Portugal que l'influence de
> l'Action française a été la plus profonde et la plus durable. L'Estado
novo,
> établi en 1926, présentait d'évidentes similitudes avec la doctrine de
> l'Action française, et Salazar reconnut à diverses reprises ce qu'il
devait
> à Maurras, dont les disciples eux-mêmes proclamaient leur admiration pour
> Salazar.
>
>
>
> Si L'Action française a exercé une influence durable, c'est cependant par
un
> échec que se termine son histoire, car il semble difficile de qualifier
d'un
> mot plus neutre l'attitude d'un journal se réclamant du «nationalisme
> intégral» qui continue à paraître sous l'occupation allemande et qui
> condamne avec la même violence - comme si ces condamnations ne pouvaient
pas
> avoir de conséquences - tous ceux qui résistent à l'occupant.
>
>